Les enfants et les adolescents souffrent dans un monde aux perspectives sombres, du dérèglement climatique à la guerre, en passant par la pression scolaire, les violences intra et extrafamiliales, les difficultés sociales, financières, d’accès à l’emploi, etc.
Il s’agit de jeunes touchés par la maladie ou le handicap, somatique ou psychique, avec toutes les difficultés « du vivre avec » dans une société de plus en plus exigeante sur les performances individuelles, mais aussi d’adolescents qui « craquent », conduisant à des passages à l’acte suicidaire ou d’autres mises en danger, des troubles des conduites alimentaires, des replis extrêmes à domicile… Plusieurs alertes ont été émises concernant l’augmentation des passages aux urgences pour conduites et idéations suicidaires ces deux dernières années.
L’adolescence est une période riche en transformations qui ouvre sur tous les possibles, où les frontières sont souvent floues entre le normal et le pathologique, entre le somatique et le psychique, entre les aspects individuels et familiaux ou groupaux… La multiplicité de problématiques, de symptômes et de comportements nécessite une multiplicité d’approches spécifiques et coordonnées : promotion de la santé physique, mentale, sexuelle et reproductive, soutien à la vie avec la maladie chronique, prévention des troubles alimentaires, lutte contre le harcèlement, amélioration des parcours scolaires, etc.
La SFSA, association pluriprofessionnelle, promeut cette diversité pour qu’à tous les niveaux, la spécificité de l’adolescence soit prise en compte :
- En adaptant les structures de soin pour répondre à l’ensemble des besoins de santé des adolescents jusqu’au processus de transition
- En les aidant à développer leurs « ressources naturelles » : la bonne santé pour la plupart d’entre eux, la croissance, la sexualisation, l’individuation et l’autonomisation, mais aussi le soutien des parents dont le rôle est essentiel
- En développant et en enseignant la clinique et la sémiologie spécifiques à l’adolescence
Face aux différentes crises, de la santé, de l’hôpital, de la pédiatrie et de la psychiatrie infantojuvénile, les assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant doivent être l’occasion d’avancées significatives pour la santé des adolescents. La SFSA prendra sa part en tant que société savante dans ce travail d’analyse et de recherche des solutions les plus efficientes en matière de prévention et de promotion de la santé et du bien-être des adolescents, et en matière de soins et d’aide au rétablissement en santé globale, physique, psychique et sociale. Investir pour la santé des adolescents apporte un triple bénéfice : pour eux, pour les adultes qu’ils deviendront et pour la génération suivante !
Les soins aux adolescents sont d’abord fondés sur les liens que l’on établit avec eux. Soignants, psychologues, travailleurs sociaux, médecins, nous nous battons pour « raccrocher » ces ados, améliorer leur santé, rétablir ou instaurer des liens protecteurs et les aider à se réinscrire dans un projet de vie. Nous réclamerons évidemment des moyens humains en priorité. Mais il faudra aussi développer les prises en charge innovantes, permettre aux acteurs qui le souhaitent d’expérimenter d’autres organisations.
Ces orientations doivent être coordonnées par une véritable politique de la santé de l’enfant et de l’adolescent :
- En soins primaires (où trouver un médecin ayant le temps d’écouter un adolescent et de le revoir sans nécessairement prescrire, avec quelle valorisation ?)
- En médecine scolaire et universitaire, totalement exsangues et en santé communautaire, PMI/Centre de santé Sexuelle où il faut renforcer l’accueil spécifique des adolescents
- Dans les CMP, lieux de soins actuellement sinistrés, non seulement dans l’impossibilité de répondre à la demande quantitative, mais aussi souvent contraints à des prises en charges partielles et dégradées
- Dans les Maisons des Adolescents et dispositifs jeunes qui ne peuvent plus assurer l’ensemble de leurs missions, contraints de délivrer des soins pour compenser la défaillance des autres acteurs
- Auprès des autres acteurs impliqués dans la santé de l’adolescent, dont la formation à leurs besoins spécifiques doit être renforcée : secteur médico-social, Education Nationale, Aide Sociale à l’Enfance, justice des mineurs, services de protection des mineurs.
- Et tout particulièrement, à l’hôpital, dans les unités de médecine de l’adolescent, trop rares aujourd’hui, ou à défaut dans les services de pédiatrie disposant de professionnels formés, soutenus par des équipes de psychiatrie infantojuvénile en capacité d’y assurer une liaison et de disposer aussi de secteurs d’hospitalisation pédopsychiatrique si nécessaire.